Pourquoi j’ai adoré « Death Stranding » ?
Parce que cet ovni est un parfait exemple de la convergence cinéma/jeu vidéo.
Parce que plus qu’un jeu, l’œuvre vous entraîne dans une histoire qui s’avèrera devenir votre histoire.
Parce que jamais un jeu vidéo m’avait amené à de tels états émotionnels.
Parce que… Hideo Kojima.
Le bâton et la corde. Un monde postapocalyptique où les survivants se terrent en sous-sol. Un homme, Sam Porter, lié à un bébé en bocal, dont la raison de vivre est de « connecter » les survivants en leur livrant des vivres. Un terrain de jeu splendide, aux relents islandais marqués. Et un choix permanent : le bâton ou la corde. Voilà ce qui, pendant 50-100 heures durant, vous servira de terrain de jeu, de terrain de vie.
Sam Porter est livreur. Et ce sera votre unique mission : effectuer des livraisons en traversant les États Unis. Livrer pour maintenir le lien de l’humanité, pour reconnecter les hommes. Une boucle de gameplay d’apparence réduite à cette tâche répétitive. Et pourtant…
L’univers que Sam va fouler est vide. Désespérément vide. Vide, immense et aride. Il sera votre principal adversaire. Votre principal challenge. Chaque pas est un danger. Chaque pas est pénible. Et pourtant…
L’histoire est fatalement Kojimesque. Alambiquée, référentielle, construite au fur grès des révélations que l’on aura bien voulu aller chercher entre d’immenses moments de solitude. Elle est le prétexte à une réflexion profonde sur le sens de la paternité, de la fraternité, de la connexion entre les hommes. Et au bout du compte, elle constitue une superbe métaphore de notre époque numérique, de l’utilisation des réseaux sociaux et de son impact dans nos relations humaines. Alambiquée je disais… Et pourtant…
Les personnages secondaires sont à première vue très caricaturaux, et se nomment (faussement) pompeusement Fragile, Die-Hardman, Deadman. Et pourtant…
Et pourtant, le vide initial laisse place au remplissage personnel. La mission de Sam va devenir VOTRE mission. Le voyage de Sam va devenir VOTRE voyage. Et les émotions de Sam vont vous submerger. Vous allez questionner le sens de l’humanité et de votre humanité, tout en cherchant le sens des actes de Sam.
Mis en scène de façon sublime, le jeu utilise la performance capture, technologie permettant de retrouver Norman Reedus, Mads Mikkelsen, Léa Seydoux, Guillermo Del toro ou encore Troy Baker camper les avatars du récit. Le réalisme est saisissant. C’est un vrai film qui nous fait face.
La musique, et notamment une partie de l’œuvre de Low Roar, joue un rôle majeur dans l’œuvre. Présente par touches subtiles, venant casser le silence majoritairement présent, elle vous prendra aux tripes au cours de votre périple, au point de lâcher la manette pour contempler pendant de longues minutes d’authentiques tableaux émotionnels.
Et l’ensemble vous entraînera à vivre un récit métaphorique et métaphysique, où l’émotion ressentie enfle au fil des heures, jusqu’à son paroxysme final. Voici le seul récit vidéoludique qui m’a amené, manette en main, à vivre ses dernières minutes les yeux emplis de larmes. Des larmes d’émotion, venant du plus profond de votre âme.
Death Stranding est certes un jeu clivant. Un anti-Fortnite bien trop calme pour l’ado en manque d’excitation, un anti Call of Duty qui vous poussera fatalement à éviter les conflits armés. Un anti FIFA qui vous plongera dans une solitude absolue. Mais si sa formule vous parle, vous en ressortirez bouleversés.